À cheval entre les 1er et 2ème arrondissements, le quartier de la rue Montorgueil avec ses petits commerçants, ses cafés et ses rues pavées, est un endroit où il fait bon vivre.
Du Mont Orgueil au Montorgueil.
La rue Montorgueil, peinte par Monet en 1878, conduisait autrefois au Mont Orgueil, dont le sommet est occupé aujourd’hui par la rue Beauregard. Au XVIème siècle, la butte offrait en effet un « beau regard » sur la capitale. Lors de sa création en 1832 au cœur des Halles, le quartier de Montorgueil attirait à la fois initiés, gueux de la cour des Miracles et grands du Royaume qui venaient s’y encanailler.

On y faisait alors une grande consommation d’escargots fort prisés par Henri IV pour leurs vertus tonifiantes.

À partir de 1919, l’endroit est devenu le rendez-vous de figures littéraires et artistiques tels Marcel Proust, Sacha Guitry ou Salvador Dali. Lieu de passage par lequel transitaient le poisson et la langouste depuis la Manche et la Mer du Nord jusqu’aux Halles, il a été entièrement rénové à la fin des années 1980.

Même si la réhabilitation a chassé de nombreux petits artisans et si les derniers ateliers de confection ont laissé la place aux boutiques de créateurs, elle n’en a pas moins conservé le parfum des anciennes halles. Ainsi, designers et marques prestigieuses se côtoient dans les rues adjacentes de ce berceau de la couture, tandis que son ambiance villageoise attire les amateurs de produits frais et savoureux comme les nostalgiques des couleurs d’antan. Les commerces, toujours présents, témoignent de ce passé à travers des vieilles enseignes conservées et restaurées. On trouvera ainsi au n°51, le pâtissier Stohrer (1730), au n°38, l’un des plus anciens restaurants de Paris, l’Escargot Montorgueil ; au n°78 enfin, le restaurant Au Rocher de Cancale, repère de la société littéraire des dîners de Vaudeville, qui succéda au célèbre établissement du même nom (n°61) évoqué dans « La Comédie Humaine » de Balzac. Rien d’étonnant à ce que le quartier soit devenu l’un des plus chers et des plus chics de la capitale.

Saveurs du terroir.
Incontournable, La Fermette invite à se délecter de quelque 250 fromages de grande qualité ! On en trouve même sans sel dans cet établissement créé en 1895 par la famille de crémiers, les Rouchot. Fondée en 1730 par l’ancien pâtissier cuisinier de la Cour de Lorraine, la pâtisserie Stohrer, la plus ancienne de Paris, a conservé sa décoration du XIXème siècle et tout son savoir-faire.


Plus haut, en direction de la rue Montmartre (au n°16), on passe devant le ravissant Passage de la Reine de Hongrie, où habitait une marchande des Halles et qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême.

Pour s’approvisionner en produits traditionnels du terroir, on se rend à l’épicerie fine du Comptoir de la Gastronomie établi depuis 1894. Côté restaurants, si Le Rocher de Cancale tient le haut du pavé depuis 1850 avec ses huîtres, le Bistrot les Petits carreaux propose une cuisine familiale dans un cadre « rétro-moderne ». Pour un retour aux sources, on file à l’Escargot Montorgueil, fondé en 1875 par le restaurateur Mignard et le marchand de vins Bourreau. La devanture en bois est d’origine et la grande marquise en fer forgé, ornée d’une enseigne en forme d’escargot, date de 1900. L’animal est toujours à l’honneur et s’emporte même !
Où ?
→ La Fermette 86, rue Montorgueil, Paris 2ème. Tél.: 01 42 36 70 96.
→ Stohrer 51, rue Montorgueil, Paris 2ème. Tél.: 01 42 33 38 20 / www.stohrer.fr
→ L’Escargot 38, rue Montorgueil, Paris 2ème. Tél.: 01 42 36 83 51 / escargotmontorgueil.com
→ Le Comptoir de La Gastronomie 34, rue Montmartre, Paris 1er. Tél.: 01 42 33 31 32 / www.comptoir-gastronomie.com
→ Le Rocher de Cancale 78, rue de Montorgueil, Paris 2ème. Tél.: 01 42 33 50 29.
→ Bistro les Petits Carreaux 17, rue des Petits Carreaux, Paris 2ème. Tél.: 01 42 33 37 32 / bistrolespetitscarreaux.fr

Même pas peur !
Non loin se dresse la Tour Jean Sans Peur, dernier vestige du palais parisien des Ducs de Bourgogne. Lorsque Jean Sans Peur, Duc de Bourgogne, fit tuer son cousin, Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI, il déclencha une guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Sorti victorieux, il fit embellir son hôtel parisien et construire en 1409 une haute et magnifique tour : la Tour Jean Sans Peur. Son escalier menant au sommet en a conservé une splendide voûte sculptée, tandis qu’on y trouve les plus vieilles latrines de Paris : 1411 !

Cet unique témoignage intact d’architecture civile et fortifiée du Moyen-Âge à Paris propose un parcours muséographique toute l’année, ainsi que des expositions temporaires. Un petit chef d’oeuvre.

Où ?
→ Tour Jean Sans Peur 20, rue Etienne Marcel, Paris 2ème. Tél.: 01 40 26 20 28 / www.tourjeansanspeur.com
Cette belle photo de « MARCHE » n’est pas le marché de la Rue Montorgueil, mais celui de la Rue Montmartre, qui s’installe le Jeudi et le Dimanche matin…. Il se trouve certes à l’angle des Rues Montorgueil et Turbigo… Merci de corriger
Merci !
La modification a été faite (enfin):).